J’ai retrouvé Moisette dans un café PMU. Alors que j’étais à peine assise, elle m’a commandé un expresso et s’est mise à me raconter les années difficiles passées au chevet de son mari.
A écouter Moisette, bavarde et nerveuse, j’ai réalisé combien ces années avec une vie sociale réduite au minimum avaient dû être contre la nature de cette femme joyeuse et généreuse avec les autres.
J’ai passé trois ans sans sortir. J’avais perdu 18 kilos. Je faisais tout au pas de course pour être le plus possible auprès de Germain.
Comme beaucoup de conjoints aidants, Moisette est allée jusqu’au bout de ses forces. Elle sait qu’elle a frôlé de très peu l’épuisement et la dépression.
Même si elle s’est sentie « révoltée » et même « abandonnée », elle a pu compter sur des professionnels investis et attentionnés : le médecin généraliste, le kiné ou Anna, l’orthophoniste de l’hôpital.
Aujourd’hui, Moisette ne tient pas en place et ne souhaite qu’une chose : être entourée. Elle séjourne depuis le décès de son mari chez une amie veuve qui l’a accueillie bien volontiers pour, elle aussi, être entourée.
Grâce à Colette, Moisette vit une période de décompression nécessaire après un accompagnement de fin de vie « jusqu’au-boutiste » qu’avec le recul elle ne conseille à aucun aidant…
Elle découvre aujourd’hui qu’il faut donner du temps au temps, après toutes ces années rythmées par l’évolution de la maladie de son mari.
Pendant la maladie, mon médecin me disait : « vous allez faire un burn out », c’est le mot qu’il employait. Moi, je me disais : « tant que je peux tenir le coup » et j’avais de l’énergie à revendre ! »
Lire le témoignage de Moisette : Maintenant, il faut penser à vous…